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vendredi 27 août 2021

Découvertes exceptionnelles dans le temple d’Artémis à Amarynthos

La campagne de fouille annuelle de l’École suisse d’archéologie en Grèce (ESAG) dans le sanctuaire d’Artémis Amarysia, situé dans le territoire de l’ancienne Érétrie, touche à sa fin. Des découvertes extraordinaires ont jalonné quotidiennement les six semaines de chantier. Elles ont révélé l’existence de deux temples successifs et d’un riche dépôt d’offrandes.

 

Les archéologues suisses et leurs collègues grecs fouillent le sanctuaire de la déesse Artémis Amarysia à Amarynthos, une bourgade antique du territoire d’Érétrie dans l’île d’Eubée, depuis une quinzaine d’années. Les fouilles sont placées sous la co-direction du professeur Sylvian Fachard (ESAG – Université de Lausanne) et de l’Éphore des Antiquités d’Eubée, Dr. Angeliki Simosi. Il s’agit du plus important lieu de culte d’Eubée, dont l’emplacement exact a échappé à la perspicacité des archéologues pendant plus d’un siècle. Les archéologues y ont mis au jour un temple qui fut en fonction et reconstruit pendant plusieurs siècles. Le premier temple, construit vers 650 av. J.-C., semble avoir été détruit à la fin du 6e siècle. Un second temple, plus monumental, fut reconstruit peu après, vers 500 av. J.-C. Il avait été précédé par un dépôt d’offrandes contenant plus de 600 objets. Cette découverte spectaculaire permet de confirmer l’importance de ce lieu de culte. Parmi les objets découverts, on trouve des récipients en terre cuite et en bronze, des figurines peintes en terre cuite, des bijoux en or, argent, faïence, verre et pierres semi-précieuses, des sceaux en forme de scarabées d’inspiration orientale, ainsi que des armes dont un casque et un bouclier.

Offrandes en cours de fouille dans le temple d'Artémis à Amarynthos

Un site vieux de 50 siècles

Plusieurs structures dans l’enceinte du sanctuaire attestent d’une très longue occupation du site. Les premiers vestiges datent de 3000 ans avant J.-C. Les sanctuaires sont des espaces sacrés habituellement composés d’un autel, d’un temple – demeure de la divinité – et d’édifices annexes, délimités par une enceinte. Le sanctuaire d’Artémis Amarysia ne déroge pas à la règle. En plus du portique monumental dégagé ces dernières années, deux autels en relation avec les temples successifs ont été mis au jour. Ils permettaient aux officiants de sacrifier des animaux et de les offrir à la déesse par incinération. En y associant des offrandes, les habitants de la cité d’Érétrie espéraient de cette manière s’attirer la bienveillance d’Artémis.

Le chantier de fouilles à Amarynthos

Artémis Amarysia dans les textes antiques

De nombreuses sources antiques mentionnent le sanctuaire d’Artémis Amarysia. Elles nous apprennent que les principaux documents publics (décrets, traités), gravés sur des stèles, y étaient exposés. Chaque année, au printemps, une fête était donnée par les Érétriens en l’honneur d’Artémis, les Artémisia. Lors de cette célébration, 3000 guerriers en armes, 600 cavaliers et 60 chars parcouraient, en procession, les 12 kilomètres séparant la ville d’Érétrie du sanctuaire. La fête attirait des citoyens des cités d’Eubée, mais aussi des représentants d’autres cités grecques.

Fouilles à la pointe de la technologie

La majorité des sanctuaires grecs ont été fouillés au cours du 19e et du 20e siècle avec les moyens de l’époque. Le sanctuaire d’Artémis est un cas exceptionnel, car il fait l’objet de fouilles extensives qui s’appuient sur des technologies de pointe. Il offre une occasion unique pour comprendre le développement d’un sanctuaire extra-urbain dans le monde grec. Échelonnées jusqu’en 2025, les campagnes de recherche financées par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), le Secrétariat d’État à la formation, la recherche et l’innovation (SEFRI) et des fonds privés permettront de récolter de nouvelles données qui, combinées aux connaissances acquises durant les dernières décennies, ouvriront des perspectives nouvelles sur l’histoire d’un espace sacré de la Grèce antique.

 

Communiqué du Ministère grec de la culture et des sports Reportage au journal de la RTS (12.08.2021)
Amarynthos, reconstitution 3D

Contact

Sylvian Fachard
Professeur d’archéologie classique
Directeur de l’École suisse d’archéologie en Grèce (ESAG)
Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité (IASA)
Université de Lausanne
Suisse
+41 079 342 45 86
sylvian.fachard@unil.ch